Catastrophe AZF
La piste électrique

La piste électrique est particulièrement… lumineuse. En effet la liste des effets électriques en tous genres : électrisation, arcs électriques, tétanisations, éclairs, ionisations, ... est telle que de nombreux enquêteurs n’ont pas hésité à montrer EDF du doigt. Le juge d’Instruction, lui-même, informé de l’état d’un poste transformateur de la SNPE, a décidé de le placer sous scellés. S'ajoute le vol éminemment suspect du transformateur T36 d'AZF pesant plus d'une tonne. Un nombre considérable d’anomalies électriques a été enregistré par les différents analyseurs de réseau électriques de la région. La datation de ces différents événements électriques, encore controversée, laisse apparaitre deux vagues d’événements. La première vague d’une durée de deux secondes exactement est concomitante avec l’événement sismique et commence vers 10 heures 17 minutes 55,77 secondes. La seconde vague, 8 secondes plus tard, résulte des effets de souffle de l’explosion du tas de nitrate d’ammonium et de tous les désordres électriques qu’elle a généré. Un assureur a relevé des traces d’amorçages au niveau de la tête du sectionneur 20 kV au poste SNPE, ainsi que la destruction totale du dispositif de mise à la terre (MALT) du poste EDF de Lafourguette : 50 kilomètres de câbles à changer ! L'électricien d'AZF a quant à lui relevé des échauffements sur les tresses chargées d'assurer la continuité des terres sur le réseau SNCF pénétrant dans AZF. L'assureur précité a découvert de sérieuses anomalies concernant l’unique ordinateur chargé de l’asservissement du poste transformateur EDF de Lafourguette. D’après lui, la batterie de secours de cette unité informatique n’avait pas été changée depuis 1993. Or, selon lui, ce calculateur serait impliqué dans le mécanisme de basculement de l'alimentation secourue de la SNPE. En effet, une ancienne alimentation électrique de la SNPE, préexistante à la construction du poste transformateur EDF de Lafourguette permettrait d'alimenter la SNPE en cas de coupure. En raison de l’existence de la première vague d'incidents électrique et de sa position dans le temps – concomitante avec l’événement sismique –, l’implication de la piste électrique dans le processus de la catastrophe semble donc avérée, tout au moins en tant que domino intermédiaire, dans une catastrophe de type « théorie des dominos ». Le scénario est alors le suivant : Au commencement, un défaut à la terre d’une phase de la ligne EDF de 20 kilovolts non signalé par l'ordinateur d’asservissement de La Fourguette privé de batterie. Le couplage de la cogénération de la SNPE sur la ligne haute tension en défaut aurait provoqué le déclenchement des disjoncteurs d’encadrement du transformateur 311 d’EDF. La SNPE se serait alors trouvée privée de courant. En conséquence, elle serait passée immédiatement en mode secouru, recevant de l’énergie électrique via le transformateur F2. Il est alors 10 heures 17 minutes 55,77 secondes. Jusque-là, rien d’anormal : une panne électrique classique qui provoque tout autant normalement le déclenchement des organes de sécurité. Sauf que, affirme notre expert-assureur, le branchement de la SNPE au réseau EDF normal, via le poste de Lafourguette serait resté branché en raison de la déficience du calculateur d’asservissement de Lafourguette qui, privé de courant, n’a pas pu donner l’ordre de découplage… Deux secondes plus tard, EDF réarme les disjoncteurs d’encadrement du transformateur 311 de la Fourguette. Dès lors l’accident électrique est inévitable.
Malheureusement la piste électrique est une piste sans queue ni tête. On ignore ce qui l'a initiée : mauvais couplage de la cogénération au réseau EDF ? court-circuit ? Bien plus précis que le Rapport JPR, Pierre Clarenne a montré que le premier incident électrique à la SNPE prenait naissance dans la chute d'une barre portée au potentiel 13,5 kV dans le transformateur Ramier. Mais qu'est-ce qui a provoqué cette chute ? Explosion, séisme, explosion de gaz rampants ? On ne voit pas non plus comment celà aurait pu provoquer l'explosion du stock de nitrate d'ammonium : Le courant de fuite qui résulterait d’une telle hypothèse est beaucoup trop faible pour initier la détonation du nitrate d’ammonium. De même la distance entre les deux points supposés de l’amorçage – plus de 800 mètres – est trop grande pour permettre le déclenchement d’un arc électrique.
(Lire la suite dans notre livre : AZF, ENQUETE SECRETE)